Une proposition de loi visant un développement sain et responsable de la pratique de l’esport en France a été présentée à l’Assemblée Nationale le 21 septembre dernier par le député Christophe NAEGELEN, rattaché au groupe politique UDI et Indépendants.
Dans son article premier, le député projette de faire évoluer le droit naissant de l’esport en reconnaissant le statut de pratiquant de haut niveau des joueurs esports professionnels.
Dans ces conditions, et à l’instar des acteurs du sport (ndlr : sportifs, entraîneurs, arbitres et juges sportifs de haut niveau), les esportifs professionnels seraient alors reconnus dans le Code du Sport comme acteurs parties « au rayonnement de la Nation et à la promotion des valeurs du sport » par la modification de l’article L.221-1.
Ceci aboutirait à une reconnaissance majeure quant au positionnement de l’esport en tant que discipline de haut niveau, laquelle serait alors assimilée à une pratique réglementée en France et assimilable, du moins en partie, au fonctionnement juridique du sport.
Toujours dans ce même article, Christophe NAEGELEN soutient l’intention de la création d’un article L221-2-1 A dans le Code du Sport, lequel conduiraient le Ministre chargé des Sports ainsi que son homologue, du Ministère du Numérique, à agir conjointement dans l’établissement de listes de joueurs de haut niveau et de joueurs espoirs, dans le respect des principes actuellement pratiqués par le secteur sportif, à savoir sur proposition des fédérations.
Notons qu’en promouvant le patronage hybride de ces 2 ministères, Christophe NAEGELEN semble ici donner crédit au 3ème scénario de gouvernance de l’étude PIPAME de juin 2021 de la DGE portant sur l’ « Analyse du marché et perspectives pour le secteur de l’esport », prévoyant notamment l’inscription de l’esport dans le cadre de politiques publiques sportives et s’appuyant sur la considération d’une activité représentant un potentiel économique notable.
Rappelons par ailleurs à cet effet :
S’il est à noter que Christophe NAEGELEN fait mention dans son préambule de l’association France Esports (ndlr : présentée à tort comme une fédération) comme exemple de structure qui pourrait être amenée à soumettre lesdites listes d’esportifs, cette proposition appelle donc de nombreuses interrogations et il apparait en ce sens particulièrement difficile d’imaginer comme le sous-tend la présente proposition que des fédérations soient dans l’immédiat en capacité de soumettre aux ministères de tutelle de quelconques propositions de listes de joueurs de haut niveau.
Dans le second article de la proposition, le député prône, sur la base des listes précitées, la mise en place d’un suivi scolaire adapté et aménagé aux joueurs esports de haut niveau et joueurs espoirs, en soumettant la modification des actuels articles L. 331‑6 et L. 611‑4 du Code de l’Éducation, lesquels permettraient alors les aménagements appropriés de scolarité et d’études qui devraient être mis en œuvre pour permettre aux esportifs de haut niveau ainsi qu’à ceux identifiés comme esportifs Espoirs de mener à bien leur carrière esportive, à l’instar des modalités existante dans le sport traditionnel.
A titre de comparaison, rappelons qu’en France :
Et qu’en revanche :
Si ces propositions témoignent bien de l’intérêt croissant du législateur pour le secteur de l’esport et il faut s’en féliciter, elles ne sont donc pas sans poser quelques questionnements quant à la compréhension par ce dernier, tant de ses actuelles gouvernances et organisations, que des problématiques (juridiques, représentatives, organisationnelles et financières) intrinsèques aux parties-prenantes de la chaine de valeur.
Le 8 octobre 2021
Dorian FORGET & Nolan LOURTIES – Consultants senior
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